Cité millénaire, les premières origines connues de L’Aigle remontent à l’an 1010, date à laquelle le premier baron de L’Aigle, Fulbert Beina y édifia un château-fort…
La Risle
La présence d’un cours d’eau a souvent été essentielle à l’implantation d’une organisation urbaine et L’Aigle n’échappe pas à la règle. La première appellation connue de la ville en témoigne, il s’agit du nom BEC HAM. Ce mot provient de l’association de deux mots d’origine scandinave BEC signifiant ruisseau et HAM, habitation. La rivière de la Risle apparaît alors comme un élément dominant de la ville.
Fulbert de Beina
Les premiers éléments historiques concrets de la ville appartiennent au XIè siècle. C’est avec son premier baron, Fulbert de BEINA, que la ville acquiert son identité et que commence l’histoire connue de L’Aigle. La tradition a retenue que vers l’an 1010, Fulbert de BEINA édifia un château-fort à l’endroit précis où fut découvert un nid d’aigle et décida de donner le nom d’ AQUILA (aigle en latin) à la forteresse, nom dont hérita la ville.
Voilà ce que nous livre Jean-François Gabriel Vaugeois, historien de L’Aigle qui vécut au XIXè siècle, dans « Histoire des antiquités de la ville de l’Aigle et de ses environs, L’Aigle, 1841»
« dès avant l’érection de la forteresse, il existait en ce lieu une réunion d’habitations, un village ou un bourg, dont à la vérité l’histoire ne parle pas, mais dont le nom, ce qui est assez remarquable, se serait conservé jusqu’à nos jours. Orderic Vital nous apprend que Fulbert était surnommé de Beina ; nous avons à L’Aigle une rue de Bécane, unn quartier de Bécane, qui s’étendait depuis cette rue jusqu’à la rivière, et c’est le plus ancien de la ville : ce nom présente dans sa composition la preuve de son origine et de son ancienneté. Bec, dans les langues teutoniques (en flamand Bek, en allemand Bach) signifie un cours d’eau, d’où sont dérivés nos mots bac, baquet, etc. ; Ham, dans les mêmes langues, veut dire habitation : c’est le radical de hameau, petite réunion d’habitations de campagne. Bécane signifiait donc habitations près le ruisseau. Les chroniqueurs, qui écrivaient en latin , auront dit, en parlant de Fulbert de Bec-ham, ou, par un léger changement de prononciation, de Becane, Fulbertus de Becana, et par syncope, de Becna. Les copistes auront écrit de Beina au lieu de Becna, d’autant plus aisément que, dans les anciennes écritures, l’i et le c sont peu différent, et qu’il est facile de s’y tromper. Ces raisonnements des auteurs de la Chronique nous paraissent fondés, et nous pensons comme eux qu’il est facile de s’y tromper. Ces raisonnements des auteurs de la Chronique nous paraissent fondés, et nous pensons comme eux qu’il est au moins très-probable que Bécane a été le premier nom de L’Aigle.
Fulbert changea ce nom, ou plutôt il laissa subsister celui du village primitif et en donna un particulier à sa forteresse ; il l’appela le Château de L’Aigle, parce qu’il avait trouvé, disait-on, un nid d’aigle dans un arbre, à la place où il le construisit, et que, pour la rareté du fait, il avait voulu en conserver le souvenir. »
Le Moyen Âge
Bien que L’Aigle ne soit pas l’une des villes les plus grandes de Normandie, elle connue pourtant une histoire importante sous le règne des Ducs de Normandie. La forteresse de L’Aigle qui a subsisté jusqu’au XVe siècle, était une des principales, de la frontière entre les rois de France et d’Angleterre qui se la disputèrent sans cesse et l’assiégèrent plusieurs fois.
Le fils de Fulbert, Engenouf, deuxième baron de L’Aigle, fut comme lui fidèle aux ducs de Normandie et jouit d’un grand crédit auprès d’eux. Aussi pieux que vaillant, il donna de nombreux biens aux serviteurs de Dieu et perdit la vie en combattant pour son prince. Il fut un de ceux qui contribuèrent à reconstruire l’abbaye de Saint-Evroult et fonda le prieuré de Saint-Sulpice. Son fils, Richer, fut un des plus intimes conseillers de Guillaume, roi d’Angleterre ; il périt d’une flèche tirée par un enfant de dix ou douze ans, caché dans un buisson, lors du siège du château de Sainte-Suzanne et dans son dernier souffle, il ordonna la clémence pour son meurtrier. La dynastie des fondateurs de L’Aigle s’éteignit avec Richer IV, après deux cent vingt-cinq ans. Vers 1235, la baronnie échut ensuite à une des branches de la maison ducale de Bretagne, qui la conserva pendant plus de trois cents ans. Les barons de L’Aigle bretons qui s’y succédèrent furent : Henri II d’Avaugour, Henri III d’Avaugour, puis après la cession de L’Aigle à la maison ducale de Bretagne, les barons de L’Aigle et les ducs de Bretagne Jean Ier, Jean II, Artus II, Jean de Bretagne dit de Montfort, Jean IV, Jeanne de Bretagne dite la Boiteuse, Jean Ier de Blois-Châtillon, Jean II de Blois-Châtillon, Nicole de Blois-Châtillon, Jean III de Brosse, René de Brosse, Jean IV de Brosse.
La ville s’est étendue derrière une seconde enceinte, qui, pendant la Guerre de Cent ans, ne suffit pas à empêcher les Anglais de prendre et de démolir la forteresse. Après la guerre de Cent ans, L’Aigle se relève de ses ruines et prospère grâce aux forges et à la petite métallurgie, notamment la fabrication de l’épingle. La très belle Tour Saint Martin (fin XVè siècle) et la Portienne (une des plus vieilles cloches d’Europe) témoignent de cette période florissante.
Guerre de Religion
Vers 1554, pendant les Guerres de Religions, vers 1554, les terres de L’Aigle sont cédés à la famille d’AUBRAY. François d’Aubray fut le premier des barons de la famille d’Aubray. L’Aigle n’échappa pas aux troubles de cette période. Succédèrent au premier baron de la dynastie d’Aubray : Nicolas Ier d’Aubray, Nicolas II d’Aubray, Marie d’Aubray. En 1588, la baronne Marie d’ AUBRAY épouse Sébastien des ACRES, seigneur de la Chapelle-Viel, leurs descendants porteront le titre de barons puis marquis des ACRES de L’AIGLE.
Après une longue période de misère et de ruines amenée par la guerre de Cent Ans, la ville vécut un renouveau teinté de prospérité grâce à ses forges et ses petites industries métallurgiques.
La Révolution
À la fin du XVIIè siècle, le marquis Louis des Acres fit construire le château de L’Aigle à l’emplacement de l’ancienne forteresse. La construction commencée en 1690, sous l’inspiration et les plans de Jules Hardouin MANSART (1646-1708), architecte du roi, ne s’acheva que 40 ans plus tard avec Jacques Louis des ACRES, troisième Marquis de L’Aigle. En 1792, le château est vendu et le dernier marquis des ACRES est guillotiné à Alençon.
L’ère industrielle
Le XIXè siècle est globalement une période d’évolution, la ville prospère et s’agrandit. Sous l’Empire, les industries retrouvent leur activité. Le nom de L’Aigle est lié de longue date à la fabrication des épingles et des aiguilles à laquelle le nom de la famille Bohin reste étroitement mêlé. Six mille personnes étaient employées à la métallurgie au XIXe siècle.
Le XXè siècle est durement marqué par les deux conflits mondiaux. Près de deux cents soldats aiglons trouvent la mort au cours de la guerre 1914-1918. La Seconde Guerre Mondiale frappa les hommes et aussi la ville, en particulier lors du bombardement du 7 juin 1944 qui fit 150 victimes et d’importantes destructions. L’Aigle fut libérée le 22 août 1944 par le régiment britannique de l’INNS OF COURT.